la loi du jardin

Hommage à Chris Marker. Photographe, cinéaste, poète (29 juillet 1921-29 juillet 2012)

- On est un peu loin du jardin maintenant.

- L’important ce n’est pas tellement qu’il soit loin, c’est qu’il existe. Et qu’il existe à travers notre part la plus irréfutable, la plus animale. Ce n’est pas un refuge, c’est là, c’est en nous, c’est aussi vrai que la cruauté, ou la volonté de vivre. Il y a bien une loi du jardin, qui s’exprime par des gestes très simples, par les gestes les plus simples. Ce n’est pas l’âge d’Or, ce n’est pas le Paradis Perdu, ça doit être le jardin où les paysans de Dalécarlie ont représenté le Cantique des Cantiques. Oui c’est vrai, quand on regarde autour de soi c’est l’horreur, c’est la folie, c’est les monstres… Mais il y a déjà un maquis, une clandestinité du bonheur, une Sierra Maestra de la tendresse. Il y a quelque chose qui avance, à travers nous, malgré nous, grâce à nous quand nous avons la grâce. Et qui annonce, pour on ne sait pas quand, la survivance des plus aimés.

Chris Marker, Si j’avais quatre dromadaires (1966)

 

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