11 novembre

11 novembre à Gentioux, dans la Creuse. Les rangs des anciens combattants de 14-18, qu’enfant je regardais se recueillir avec leurs médailles et leurs béquilles, n’ont cessé de s’éclaircir jusqu’à disparaître tout à fait. Un écolier lève le poing pour maudire la guerre. Il ressemble au portrait de mon grand-père Paul au même âge. Sans doute comme lui est-il orphelin, sans doute le nom de son père est-il inscrit sur la liste des morts pour la France.

On dit que les appelés du contingent qui passaient devant le monument pacifiste serraient discrètement leur poing dans la poche en signe d’approbation. J’aime à penser que mon grand-père a pu serrer une fois son poing dans sa poche en passant devant l’écolier rebelle. Mais lui n’a pas maudit la guerre. Écolier, il a écouté son institutrice vanter le sacrifice de son père.

 

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