Bonne Mère, filles faciles

Marseille, passage obligé de toutes les traversées maritimes de la métropole vers les colonies. Mon grand-père Pierre y a embarqué pour la première fois en 1921, en direction du Levant. Mon grand-père Paul y a débarqué pour la dernière fois en 1962, en provenance d’Alger.

Au beau milieu de l’escalier qui descend de la gare Saint-Jean vers la Canebière, deux femmes allongées figurent les colonies d’Asie et d’Afrique. Dénudées et lascives, offertes, elles célèbrent l’Empire colonial français. Bien sûr les colonies étaient sexuées dans l’imaginaire du Colon, l’Afrique et l’Asie avaient le goût des épices et du sexe. Je pense aux photos de ces femmes à peine pubères, poitrines nues, popularisées en cartes postales tout au long du XXe siècle par des photographes occidentaux qui projetaient leurs fantasmes sur les idées reçues de leurs compatriotes. Les bienfaits supposés de la mission civilisatrice française n’attiraient sans doute pas autant de soldats, ni d’aventuriers, que cette imagerie prometteuse.


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